« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis », Antoine de Saint Exupéry
Définir ce qu’est l’interculturalité relève de la gageure : comment en effet décrire une matière qui fait appel à tant de domaines différents ? Si l’on commence par les aspects les plus visibles, on y voit les mots « culture » et « inter » et l’on en conclut qu’il s’agit d’un lien entre différentes cultures. Mais la notion de culture, apparemment si simple, cache elle aussi différentes notions : s’agit-il de la culture nationale, régionale, individuelle ? Comment celles-ci s’imbriquent-elles ? Et en premier lieu, comment notre culture personnelle se forme-t-elle ? D’où vient-elle ? Comment l’acquière-t-on ? N’a-t-on pas tendance parfois à attribuer à la « nature » ce qui relève de la culture ? Nos modes de communication eux-mêmes ne sont-ils pas issus de la culture à laquelle on appartient ? N’est-on pas influencé dans notre regard à « l’Autre » par notre propre culture ?
Ce sont autant de questions auxquelles il faut tenter de répondre avant d’aller plus avant dans la connaissance de la démarche interculturelle car celle-ci mobilise d’autres notions dont nous ne sommes pas toujours conscients. Pour ne prendre qu’un exemple, pourquoi peut-on se sentir ennuyé par une personne qui se place tout près de nous, physiquement, alors même que cette personne nous semble sympathique ? De quoi ce sentiment est-il révélateur ?
Or, lorsque qu’un pèlerin effectue un voyage en Terre sainte, il rencontre des situations qui peuvent lui paraître difficiles en raison de ces mille petites choses qui forment son être. Et pourtant, ne l’entourent que des personnes qui ont le même objectif que lui : faire le pèlerinage, aller vers le sacré. Partageant ce but unique, ne pourrait-on imaginer que tout se passe au mieux entre pèlerins ? Il faut bien reconnaître que ce n’est pas toujours le cas ; dans un groupe où lors de l’accomplissement d’un rituel, on peut se sentir heurté par la réaction d’un voisin. Bien qu’éphémère, ce contact entre les deux personnes peut susciter un désagrément qui ternira ce moment si fort qu’est le pèlerinage.
La formation sur l’interculturalité se propose de décoder certains de nos automatismes individuels qui nous font juger l’autre à l’aune de nos propres codes. En prenant du recul sur nous-mêmes, et à l’aide d’exercices et de mises en situations, nous dépassons les malentendus auxquels nous sommes confrontés dans un acte collectif pour profiter pleinement de ce qui importe dans le pèlerinage.